lundi 25 juin 2012

On peut se départir de sa dépendance affective

La chanson MAUDITE JALOUSIE de Kevin Parent a inspiré ce texte. Ce sont des sentiments amoureux malsains qui rendent les relations difficiles et provoquent des peines et des angoisses.

Maudite Jalousie

Les débuts de couple c'est tout le temps bon
Je suis réservé et timide, je fais bonne impression
Mais peu à peu la routine s'installe et domine
Et je prends pour acquis toute son attention
Dans mon ventre y a une boule de feu
J'ai un air calme mais derrière j'ai les yeux furieux
Quand quelqu'un regarde trop celle que j'aime
Je viens tout insécure, j'ai peur qu'on me la prenne
C'est toujours le même cercle vicieux
Je passe toutes les couleurs, d'agressif a mielleux
Est-ce-que j'ai raison
Pourquoi ça m'affecte, pourquoi j'ai le moton

Maudite jalousie
Ça en est rendu une maladie
J'ai hâte d'en être guéri
Oui, j'ai hâte d'en avoir fini
Pourquoi j'aime les femmes belles et provocantes
Je me fais toujours mal et je déçois mes attentes
Le couple idéal d'aujourd'hui c'est:
'pose pas de questions
Pis t'auras pas de menteries!'
Homme de caverne, borné ou zélé
Appelle-moi comme tu veux, inquiète-toi pas je le sais
Je suis un jaloux aux sentiments tabous
Mais crois-moi j'essaie d'évoluer


Refrain
Maudite jalousie, quand je suis jaloux,
j'ai honte pis je me hais
Je manque de confiance, je retombe en enfance
J'ai hâte d'avoir grandi
J'ai toujours besoin de sécurité
Oui, j'ai toujours besoin de me sentir aimé
Faut que je contrôle ma dépendance affective
Elle prend trop de place, elle me fait péter des crises
Je suis en peine d'amour depuis que je suis né
Y'as-tu quelqu'un qui veut
m'expliquer...cette maudite jalousie?
D'où ça vient, d'où c'est parti?
Je me sens comme une bombe
Comme un lion qui gronde
C'est fort, ça m'envahit
Maudite jalousie
Source pure de tous mes conflits
Bravo pour la raison et les cœurs de Téflon
Qui la regardent avec mépris
Eux, ils ont compris!

La dépendance affective se soigne et on peut s'en départir
Le besoin de dépendance est un besoin fondamental chez l'enfant. Il recherche des soins maternels, de l'amour, de l'affection. Le lien maternel offre un environnement de refuge, de protection, de sécurité, de nourriture et de chaleur. Ces besoins peuvent persister au-delà de la petite enfance et même augmenter, chez l'adulte, comme manifestation de régression.  

 La dépendance affective est une "maladie"
Les liens affectifs et la dépendance qui peut s'ensuivre sont des sources de souffrance. Il est important de garder l'esprit ouvert car ce sujet ouvre la porte sur plusieurs incompréhensions. Sans trop comprendre pourquoi, s’identifier comme ayant une dépendance affective confronte le client et il lui arrive de refuser de le voir et de l'accepter.

Différents états d’âme marquent la vie de l’adulte
Au fil du, temps, alors qu’il devient un adulte, il filtre autrement et on peut alors distinguer plusieurs formes d’affectivité. Différents états d’âme marquent la vie de l’adulte: 1- l’émotion est un état temporaire marqué par des modifications physiologiques; 2- le sentiment, plus durable comporte un prolongement et des nuances dont les répercussions mentales sont importantes ayant une signification particulière pour celui qui l’éprouve; 3- la passion est non seulement un sentiment puissant qui est envahissant mais elle domine la vie psychique dans une direction spécifique; 4- l’humeur est comme un bruit de fond permanent de la vie affective et provient fréquemment des sensations viscérales liées au fonctionnement du corps; d’autres états d’âme passe par la tension, par la détente, par l’assouvissement, par une décharge libératrice. 

Les enjeux dans une relation malsaine
Je ne juge pas, mais j’éprouve une certaine tristesse en constatant certains enjeux dans des relations malsaines. Une dame battue régulièrement par son conjoint retourna vivre avec lui après avoir demandé une place dans un centre d’hébergement sous prétexte qu’elle ne voulait pas manqué le prochain séjour de deux semaines dans le Sud.

La santé émotionnelle regroupe nos états d'âme
L’affectivité est à la base de la vie psychique et de la santé émotionnelle. À elle seule, elle regroupe tous nos états d'âme, toutes nos réactions dont les racines plongent dans l'instinct. Grâce à elle, nous sommes reliés aux autres, au monde, mais surtout à nous-même. C'est aussi ce qui donne leur saveur, leur raison d'être, à nos pensées et à nos actions. Son fondement le plus intime nous permet d'éprouver de l'empathie pour ce que l'autre ressent.

Les conséquences de la carence affective
La source de la dépendance remonte à la petite enfance. Quand l'individu a été privé d'un solide attachement au début de sa vie (On admet avant l'âge de six ans), cette privation peut avoir des conséquences graves. Quand la carence affective est prolongée, des troubles, des difficultés dans les relations sociales, l'isolement, l'agressivité, de la névrose à la délinquance, peuvent se manifester.

Les enfants n'ont pas de voix, donc peu de choix
Des enfants mal aimés, des enfants dont on a nié les perceptions, les sensations, les sentiments au profit d'une image de famille modèle, voilà ceux qui se mettront en position d'attente face à l'autre, pour penser, ressentir et agir.

Le carencé affectif vit les affres de la séparation
Le carencé affectif connaît la même succession d'émotions que vit le toxicomane ou l'alcoolique, liées à la présence ou l'absence de contentement de l'autre. On pourrait dire que ces sentiments forts de dépendance marquent le désir de revenir dans le giron de nos parents.

Une compulsion à prendre les humeurs d’autrui
La dépendance affective malsaine vacille de l'extase à la souffrance car le carencé ne reste pas connecté à lui-même. Sa compulsion à prendre sur lui les humeurs de l'autre envahit son champ affectif. C'est une condition qui prive l'être d'équilibre car c'est comme s'il est branché sur l'autre pour avoir le droit de vivre ou d'être bien.

La solitude de s'appartenir
La dépendance affective se caractérise par un attachement exagéré à un autre, ayant comme fondement une résistance à la solitude de s'appartenir. L'individu qui l'éprouve n'a aucun contrôle, cherchant à résoudre sa souffrance par des solutions de compromis qui l'empêchent de s'en dégager. Il s’investit sur les autres plutôt que sur lui-même. Guérir de sa dépendance affective demande que l'on s'investisse sur soi plutôt que de tout passer à travers le filtre de l'autre. C'est un processus qui demande l'assainissement de ses émotions enfouies liées à la dépendance normale de la petite enfance. Généralement, l'admission de sa quête de dépendance prend plus de temps que d'en détacher les nœuds malsains.

Exemples tirés de la pratique clinique
Je vais illustrer certaines instances de dépendance affective : ce ne sont que des exemples.

-lors d'une présentation sur TVA à l'émission de Louise DesChatelets (HOP LA VIE!), une femme est venue témoigner de son vécu et des résultats obtenus avec la thérapie du tunnel. Elle faisait partie de ces femmes dépendantes. Aux dernières nouvelles, ce travail pour vivre des liens plus sains se continue pour son plus grand bonheur. 

À partir d témoignages:
la tyrannie d'une mère
-une jeune femme, victime de la tyrannie de sa mère (c'est elle qui pense, décide et détermine ce que la jeune femme doit ressentir) s'effondre lors du décès de sa mère. Ressentant un profond désarroi, la séparation est insoutenable. Elle se précipite dans les bras du premier venu pour sombrer par la suite dans une dépression majeure. Alors qu'elle repose entièrement sur lui pour tout, même le quotidien, elle devient "handicapée" au plan émotif; il est devenu l'élément vital à sa survie tout comme dans la relation à sa mère. S'affranchir pour elle est un peu comme réapprendre à vivre.

un jeune homme refuse de devenir adulte
-le beau jeune homme, éternel adolescent, refuse de grandir. Sa mère ne sort pas de son rôle de maman comme s'il était encore un petit enfant. Se croyant obligée de répondre à ses moindres demandes et besoins, elle l'empêche de vivre sa vie et ne le soutient pas dans son développement d'adulte. Il ne se débrouille jamais seul; elle ne lui laisse pas la chance de faire face à ses difficultés. Dépendante de son enfant, cette mère maintient sa dépendance et devenu adulte, il ne peut la repousser. Le prix fort à payer est le sentiment de n'arriver à rien sans elle. Son peu d'estime de soi le rend inapte à entreprendre ses rêves par lui-même. Briser ses chaînes ne se fera que s'il prend le risque d'éconduire gentiment sa mère pour retrouver une liberté d'adulte.

le couple en symbiose
-la femme d'un couple âgé ayant toujours vécu en symbiose avec son époux décède quelques mois après lui. L'insoutenable solitude précipite la mort de celle qui reste.

la retraite est un stress
-le beau monsieur tout investi de son travail fait une crise cardiaque quelques jours après la mise à la retraite. Il a tout misé dans le travail et le stress de se retrouver à la retraite sans préparation véritable affecte autant sa santé physique que mentale. Son médecin lui recommande une thérapie et il reprend courage.

la femme trompée
-la femme qui apprend un jour que son mari la trompe depuis des années. La relation est tellement vitale pour elle que, par la suite, elle dira que le cancer du pancréas a été déclenché par cette nouvelle. Son corps perd la bataille. N'ayant pris aucune décision, ce qui aurait marqué un travail à faire, elle n'est pas sortie de l'impasse.

la femme abusée, battue
-la femme abusée, maltraitée, humiliée, rabaissée, tournée au ridicule (au Québec, on dit "se faire rentrer dedans"), se retrouve en centre pour femmes battues, mais elle retourne chez elle lorsqu'elle apprend qu'elle devra faire bien des démarches pour garder ses droits et obtenir du mari la moitié de tous les avantages accumulés depuis leur union. La séparation et l'aide apportées par différentes associations n'auront pas eu autant d'impact que le risque de perdre ce qui l'avantageait dans la relation. Je ne juge pas le raisonnement de cette personne, mais je sais la souffrance qui l'attend dans le fait de perpétuer un couple qui ne fonctionne que sur le rythme de l'époux narcissique qui n'a pas appris à respecter les femmes.

la dépendance affective
-la jeune femme qui maîtrise l'autre en se rendant indispensable éprouve un pouvoir certain. En général, elle choisit un homme dépendant, faible, sans ressort, dépressif. Elle se dévoue à sa cause. Quand ça vire à l'obsession, les émotions fortes envahissent le psychisme de la jeune personne, masquant les vrais problèmes de la relation. Trop souvent, elle refusera même de le quitter quand l'issue est vouée à l'échec et ira de chagrin d'amour en chagrin d'amour s'entêtant à tenter de séduire qui ne veut pas d'elle. Soigner sa dépendance lui rendrait sa vie à elle et elle apprendrait à choisir des hommes qui veulent la chérir sans qu'elle ait à gagner leur amour en faisant autant pour eux.

Le coût de la dépendance affective
- la jeune femme avec un bon métier mais dont le mari est un profiteur. Il s'organise pour tout contrôler, incluant l'éducation des enfants disant qu'il est le mieux adapté. Soigner et guérir sa dépendance voudrait dire se battre pour rétablir ses droits parentaux de même que pour mettre un frein aux folles dépenses de monsieur. Plutôt que de se battre, elle prend des anti-dépresseurs pour calmer ses sautes d'humeur.

les cas illustrent la dépendance affective
D'entrée de jeu, on n’a pas besoin de l'avoir vécu pour le reconnaître. Dans tous les cas illustrés, la personne dépendante ressent une attraction aussi forte que le toxicomane pour la substance, sauf qu'il s'agit d'un autre être humain. Ce qu'elle prend pour de l'amour ou de l'attachement est une drogue aussi puissante et aussi toxique que l'abus de substance.

Quand la vie, les actions et les décisions de la personne tournent autour d'une autre personne comme préoccupation, on peut parler de "maladie" (la maladie d'amour). Certains diront qu’il s'agit d'une erreur de jugement, mais se retrouver dans les griffes d'une telle "passion" ou "envoûtement" signifie vivre sa vie à travers un autre. La résistance à s'en sortir provient d’une relation non-complétée avec un parent et s'en départir pour ne pas retomber dans le même piège la prochaine fois  relève d’une maturation psychologique. 

La dépendance affective se soigne et on peut s’en sortir
La dépendance affective se soigne, sinon le prix à payer est la santé physique et l'équilibre psychique. Le déni est un mécanisme psychologique inconscient: il est destiné à réduire l'angoisse en niant  des éléments importants d'un conflit affectif non-réglé. Ce qui est consciemment intolérable dans la réalité est simplement désavoué par la négation automatique et inconsciente. Cela sert de protection. 

Le blocage affectif crée une angoisse
Dans la dépendance affective, le manque d'assouvissement affectif crée une angoisse. Le "blocage" affectif est en contradiction avec les adaptations demandées à un adulte et le lien de symbiose et d'immaturité empêche l'affranchissement. Envisager sa vie propre est un moment décisif relié à devenir adulte et capable de s'adapter aux demandes de la vie d'adulte.

Ce qui est inconscient porte l’empreinte de la toxicité de la relation
La "compulsion", celle qui fait dire à la personne affectée qu'elle "ne peut s'en empêcher" porte l'empreinte de la toxicité de la relation. L'"ambivalence" d’un égal partage entre l'amour et la haine devrait donner une alerte pour changer de comportements. Rarement écoutée parce que déniée, l'ambivalence est souvent retournée contre soi-même, copiant ainsi une autre composante de la toxicomanie, celle de l'autodestruction.

La dépendance affective joue sur l'émotivité, l'estime de soi, la vitalité et l'équilibre
Lorsqu'elle n'est pas réglée, cette mésadaptation, due à un conflit intérieur, joue sur l'émotivité, l'estime de soi, la vitalité et l'équilibre. "Soigner sa dépendance affective" commence par un premier pas : le désir de s'affranchir.

L’estime de soi fait la promotion qu’on a en soi de la valeur
Une bonne estime de soi rend l’individu moins dépendant des autres. L’autre n’est pas là pour donner le sentiment d’exister. L’estime de soi fait la promotion de la valeur qu’on a en soi. Les partenaires sont choisis, et il n’y a nul besoin de s’accrocher à eux. 

Message de Lorraine Loranger
Dans une société qui confond vitesse et résultats, ceux qui apprennent à ralentir vivent mieux le présent dans toute sa capacité. Ma pratique propose plusieurs ateliers pour la gestion de stress: apprivoiser le récit de vie, la communication non-verbale et prochainement la relaxation sensorielle avec 16 thèmes différents sont parmi les plus utiles. Des conférences sur la gestion de stress sont disponibles sur demande.

Commencez chaque journée comme étant une nouvelle journée, trouvez votre destinée, croyez en qui vous êtes et en qui vous voulez devenir.

Créez la vie que vous désirez. Commencez votre trajet avec une démarche puissante en possibilités...celle d’une nouvelle vie…la vie que vous voulez…retrouvez votre pouvoir  pour prendre en charge votre destinée. 


Merci de soutenir la mission éducative de Lorraine Loranger en transférant ce communiqué à vos contacts intéressés.






4 commentaires:

  1. Ce n'est pas la première fois que je lis votre texte, mais je n'ai jamais laissé de message par pudeur, par gêne d'admettre que je suis une dépendante affective. Je me suis reconnue à la première lecture, mais je me sens tellement impuissante à changer ça. Il y a quelques années, j'ai fait une démarche de groupe; à ce moment-là, ce n'était qu'un concept. J'ai commencé à faire plus de choses pour moi-même, mais ça s'est arrêté là. Mes soixante ans me freinent beaucoup, j'ai peur, je me sens impuissante. Je sens que je me rapproche d'un temps où je devrai prendre une décision, mais c'est inaccessible présentement. J'ai besoin d'aide...

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  2. Bonjour, mon nom est Maria,
    C'est aujourd'hui notre anniversaire de mariage et mon époux est parti avec ses chums jouer aux billards. Nous avions parlé la semaine dernière de faire une activité de couple pour célébrer. Ce matin, il m'a avisé qu'il reviendrait vers 21h. Je suis peinée car ce n'est pas la première fois qu'il nous fait passer après tout le reste. Je suis encore amoureuse de lui, mais je me questionne. Quand je lui en parle, ça finit toujours par se retourner contre moi. Au fil du temps, j'ai perdu de l'assurance et je ne sais plus ce qui est important; enfin, pas tout à fait. Notre anniversaire de 6 ans de mariage et son absence me font mal, alors, je sais que ça compte pour moi.

    Merci de m'écouter à distance,

    Florence

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  3. Quel nom dois-je utiliser?
    Merci d'avoir écrit! À la lecture de votre missive, je sentais votre grande tristesse. J'imagine que si vous l'avez rédigé sous la dépendance affective, cela veut dire que vous vous reconnaissez et que votre esprit est tourné vers vos différentes options. Je sais que c'est difficile quand on aime encore, mais il faut continuer d'essayer de voir clair dans votre situation. Ce n'est pas parce que vous vous sortez d'une relation pénible que vous n'allez pas retomber dans votre pattern amoureux. Non plus que de régler votre co-dépendance vous obligera à quitter votre conjoint. Il n'est pas rare que, quand l'un des deux époux change, l'autre le fait aussi. Espérant vous lire à nouveau, je vous conseille de lire: L'attachement, c'est pour la vie! (03-07-12) sur le même blog

    Lorraine Loranger
    www.aunomdelasante.com

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  4. Bonjour Madame Loranger,
    Je suis en couple depuis 13 ans, mais j’ai souvent l‘impression de faire les choses seule pour nous deux. Mon compagnon est tellement tiède que je ne sais pas comment l’aborder pour lui en parler. Il ne semble jamais apprécié toutes les choses que je démarre, ne me fait jamais de compliments sur ce qu’il aime ou apprécie. Ça me décourage et parfois, je me butte, je laisse aller plutôt que de continuer à essayer d’alimenter une source qui me semble vide de sens. Je me parle à moi toute seule puisque je ne suis pas entendue, ni écoutée.

    J'ai failli écrire dans "On ne naît pas violent, on le devient! et je me suis ravisée, mais parfois je sens les gestes de mon époux comme une forme de violence,

    Marie-Anne G.

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