vendredi 26 avril 2013

La loi du silence a différents impacts

Des histoires vraies, dramatiques illustrent des histoires de gens qui se débattent avec l'imposition de la loi du silence. Ces histoires font souffrir chaque membre du clan à différents niveaux. Les exemples donnés ci-dessous proviennent de différentes histoires familiales cueillies lors des ateliers sur les « secrets de famille ». Elles ne sont pas les seules, et les mêmes schémas familiaux  (patterns) auraient pu avoir d’autres répercussions, mais l’aspect unique de ces histoires fait apparaître des destins qui se rapportent à la part d’inconscient en chacun de nous.

Les répercussions des secrets de famille
Toutes les familles abritent des secrets qui ont des répercussions imprévisibles de génération en génération. L'origine des secrets de famille ne dépend pas de la malveillance de l'un ou l'autre. C'est sensitif et complexe. La gravité du secret réside non seulement dans l’importance de celui-ci mais aussi dans l’insistance de le cacher. Ces « passés occultés ou tus », ces « trous de mémoire » choisissent les porteurs de nos nombreuses souffrances pour préserver l’image et les mythes d’une famille

Les histoires cachées sont mises en actes par les faiblesses laissées par les secrets des ancêtres
La transmission peut s'opérer négativement à travers les histoires qui sont cachées, et ensuite mises en actes par les faiblesses laissées pour ses ayants droits par les secrets des ancêtres. Dans une tentative d'échapper à son propriétaire, il n’est pas rare que certains responsables des secrets les mieux gardés auront recours à la dissociation. Ce mécanisme inconscient sépare le psychisme en deux, (les deux parties ne peuvent communiquer entre elles), mettant ainsi la personnalité à l'abri.

La loi du silence fait souffrir chaque membre du clan
La transmission d’un contenu peut être traumatique, car il s'agit d'un don mais aussi d'une dette. Le processus de symbolisation-le rôle des transmissions entre les générations, des communications, des secrets, des répétitions, de la filiation qui concerne les rapports dans la famille et des liens transgénérationnels est ainsi étroitement mêlé à travers les protagonistes de l’arbre familial.

Le secret parle d'une souffrance innommable
Le secret va quand même transpirer. Des attitudes étranges ou des comportements anxieux des parents, les phrases équivoques, les mimiques et les voix qui s’altèrent quand on évoque certains événements, sont autant de façons dont l’enfant entendra inconsciemment qu’il y a un secret dans l’air…et une souffrance innommable. 

« Chacun construit son psychisme, ses repères personnels » 
Chaque membre d’une même famille sera touché différemment. « Chacun construit son psychisme, ses repères personnels » explique Serge Tisseron. Ce qu’on refuse de mettre en mots, on va le mettre en actes, en comportements, en malaises et en maladies. Les générations vont aussi réagir différemment car les secrets pèsent autrement dans la continuité.

Ne plus avoir à gérer les malheurs de la famille
La révélation du secret ne garantit pas d’en guérir, mais en empruntant le chemin de la thérapie, les personnes parviennent finalement à l’intégrer pour ne plus avoir à gérer les malheurs passés de leur famille.  

Injustices/violence et clivage
La violence cause un traumatisme physique ou émotif qui peut nuire à la faculté d'une personne à se sentir en sécurité dans son environnement. L'individu peut avoir vécu un seul événement violent traumatisant et en être affecté. La famille dont il est question ci-dessous en est affectée tous les jours.

Le père de Margot a protégé son fils aîné, Pierre-André. Il a battu sa femme et ses autres enfants. Personne ne pouvait deviner quand les coups pleuvraient. Quand il décapsulait une bière, le plus vieux était convié à la partager. À 16 ans, P-A a fait preuve de violence en abusant sexuellement Margot. Personne n’est intervenu. Cette communication non-verbale a donné son aval à l'abus qui a continué comme si de rien n'était.

Joseph, l’autre garçon, a reçu un diagnostic de schizophrénie à l’âge de 17 ans. Pierre-André s’est suicidé au volant du camion du père laissant une note derrière pour expliquer son ras-le-bol. Il n’avait pas encore 18 ans.

Les mauvais traitements ont continué. Margot s’est sauvée de la maison et est devenue écrivaine. Elle a fait de nombreux séjours en désintoxication et plusieurs dépressions.

Aucun des enfants n’a eu d’enfants et la mère de Margot a fini par faire une dépression majeure : elle vit maintenant dans un centre fermé. Elle a choisi, pour ainsi dire, l'oubli sélectif.

Sexualité et répétitions
Nous savons tous que d'une personne à l'autre les façons d'interpréter la réalité peuvent varier. Par contre, la réalité imposée par la société dans laquelle nous évoluons quotidiennement est la même pour tous même si chacun interprète sa réalité. Personne ne peut se défiler face aux normes sociétales. Même si elle les interprète individuellement, et donc subjectivement, dans une même société, tous ont reçu la même éducation. 

Chaque être humain cherche à comprendre les faits et le monde qui l'entoure. Il adopte alors un certain point de vue et tend à le généraliser à l'ensemble de sa réalité.

Des histoires cachées qui agissent sur l’identité
Le père d’une famille qu’on appelle communément « tricotée serrée » a tripoté ses deux filles. Personne sauf elles ne le sait. Cet homme a abusé de la confiance de ses enfants en les touchant sexuellement et en disant qu'il s'est mépris sur la personne. Je doute qu'il puisse invoquer l'erreur. Ce qui fait défaut dans l'interprétation, c'est que le geste s'est produit deux fois. 

Mais pour les filles...Comment arrive-t-on à protéger ses enfants? Ses petits-enfants? Comment faire pour assurer leur sécurité?

L’erreur dont on n’a jamais parlé a laissé des traces : au moins un des enfants des filles a été agressé par le grand-père paternel. S’il y en a d’autres, on n’a que des soupçons à cause de comportements aliénants. Les liens de confiance sont toutefois rompus.

Transgression morale et identité
Le rapport à l’histoire familiale est un élément majeur de valorisation ou d’invalidation, de fierté ou de honte, d’intégration et de différenciation. L’impact de certains événements comme la guerre marque d’une façon indélébile les enfants et leurs descendants. 

Le père de Louis a dissimulé son rôle au sein de la résistance française pendant la 2e guerre mondiale. Par peur de représailles, il a changé de nom. À partir de ses 20 ans, Louis, petit délinquant, a changé de nom et de villes pour éviter les conséquences de ses actes. Louis apprend l’histoire de son père alors qu’il est en train de faire son génosociogramme.  La logique de répétition le condamne à reproduire par identification (sentiment de danger de se faire prendre).

Pauvreté/itinérance et la honte
Lynne est une femme de cinquante ans, née dans une famille de deux enfants. Elle en est la cadette. Elle est une femme pleine de vie en même temps qu’elle fait preuve d’une grande réserve. Elle ne dit d’elle que ce qu’elle veut bien et à qui elle veut. Son père a abandonné femme et enfants alors qu’elle avait huit ans. Sa mère a trimé dur pour élever ses enfants. Plus tard, alors qu’elle est une jeune adulte, elle a appris que son père était devenu itinérant.

Un sentiment de honte permanent 
Comme Lynne, plusieurs personnes vivent un sentiment de honte permanent sans en avoir véritablement conscience. Les personnes qui vivent la honte sentent la menace d’être mise à nu. La peur de révéler ce qu’elles voudraient cacher aux yeux des autres est la crainte de voir leur faiblesse exhibée. Ni elle ni l’autre n’ont eu d’enfants.

Rompre avec la famille n'est pas vraiment une solution 
Rompre avec la famille peut sembler une solution mais on se verra ainsi amputé d’une partie de soi. De plus, comme on continue de porter le secret, il y a encore la possibilité des répétitions. Prendre soin de sa souffrance ne permet pas de changer l’histoire, mais cela peut changer la façon dont l’histoire agit sur soi.

Le "récit" de la famille crée et renforce les liens familiaux
Le "récit" de la famille-le fait de lier les événements et les êtres les uns aux autres en une histoire-est ce qui crée et renforce les liens, à nos parents, à nos enfants, à nos concitoyens. 

Quand ces liens sont rompus, coupés ou rendus impossibles, des facteurs s'activent à notre insu, premièrement parce qu'il est impossible de se libérer totalement de tout déterminisme biologique, et deuxièmement,  l'incapacité d'avoir des réponses claires crée   doute où peuvent s'infiltrer des réponses dans l'imaginaire pires que la vérité. 

La démarche de la thérapie du tunnel avec le subconscient ne ravive que les blessures affectives qu’il est capable de confronter.

Les douleurs psychologiques et spirituelles mettent en jeu des instances complexes. Quand il y a secrets, les éléments de doute sont déjà connus et la recherche se fait hors de la thérapie.

La thérapie consiste essentiellement à "nettoyer" le tunnel, c'est-à-dire, à intégrer les réminiscences traumatiques qui sont à l'origine des problèmes vécus par le client. Les émotions du passé cessent alors de nuire. L’unification personnelle qui en résulte amènera la personne  à se sentir chez elle. Faits, gestes et paroles ne seront plus en décalage. Les contradictions qui semblaient insurmontables ne résisteront pas à l’unification du SOI.

Par la suite, divers outils permettent de refaire les programmes de vie, les systèmes de croyances, la manière d’anticiper l’existence qui dictent les comportements et qui forgent le caractère et qui déterminent la réalité perçue.

La santé émotionnelle s'améliore
En thérapie du tunnel, la prise de conscience a lieu quand un phénomène inconscient, devenu conscient, est « pris en charge », en s’intégrant au MOI pour renforcer l’individu. Quand l’individu met à jour ses conflits intérieurs en thérapie du tunnel au lieu de les nier ou de les refouler…ou de les répéter sans le savoir, d’importants fragments de personnalité sont récupérés et la santé émotionnelle en bénéficie. Évacuer la charge somatique permet à l’état de stress actif dans le système nerveux de se dissoudreDe plus, la prise de conscience réussie conduit l’individu vers de nouvelles actions, vers de nouvelles libertés. 

BIBLIOGRAPHIE
Berne, Éric (1977) « Que dites-vous après avoir dit bonjour? » Évreux, Tchou Éditeur.

Bradshaw, John (1997) La famille et ses secrets : Ce que vous ne savez pas peut vous faire du mal Éditions Flammarion.

Langlois, Doris et Lise (2005) La psycho généalogie : Transformer son héritage psychologique, Les Éditions de l’homme.

Tisseron, Serge (1999) Nos secrets de famille, Ramsay.


Message de Lorraine Loranger
Dans une société qui confond vitesse et résultats, ceux qui apprennent à ralentir vivent mieux le présent dans toute sa capacité. Ma pratique propose plusieurs ateliers pour la gestion de stress: apprivoiser le récit de vie, la communication non-verbale et prochainement la relaxation sensorielle avec 16 thèmes différents sont parmi les plus utiles. Des conférences sur la gestion de stress sont disponibles sur demande.

Commencez chaque journée comme étant une nouvelle journée, trouvez votre destinée, croyez en qui vous êtes et en qui vous voulez devenir.

Créez la vie que vous désirez. Commencez votre trajet avec une démarche puissante en possibilités...celle d’une nouvelle vie…la vie que vous voulez…retrouvez votre pouvoir  pour prendre en charge votre destinée. 

Merci de soutenir la mission éducative de Lorraine Loranger en transférant ce communiqué à vos contacts intéressés.


4 commentaires:

  1. Le silence de mes parents m'a fait mal, mais grâce à ma thérapie, ils se sont ouverts. Merci!
    Je consulte depuis 4 mois après une grave dépression. Le médecin m'a conseillé de faire une thérapie, parce que je sentais qu'il y avait des choses qui devaient sortir depuis très longtemps. J'ai un tempérament dépressif depuis toute petite.... Mes premières séances ont plutôt été consacrées à des plaintes nombreuses et variées, jusqu'au jour où j'ai commencé à changer, à parler beaucoup plus facilement de tout ce que je ressentais en moi et autour de moi. Tout ce que j'ai pu dire jusqu’à ce moment-là, je le savais déjà, et depuis très longtemps.
    Curieusement, le fait de le dire à quelqu'un, avec un regard détaché sur ma vie, a eu un effet très différent que celui de ressasser sempiternellement les mêmes choses dans ma tête. Cela m'a permis de prendre du recul, d'avouer certaines de mes erreurs qui me rongeaient de l'intérieur, un peu comme une confession. La dépression et le fait d'aller voir un professionnel a également fait un choc à ma famille, mes parents en particulier.
    Ceux-ci m'ont alors parlé de certaines choses que j'ignorais: leurs propres peurs, leurs propres doutes et certaines de leurs "blessures" cachées, certaines relatives à leurs propres parents, à leur couple ou à mon frère et moi. J’ai alors réalisé que la parole avait un pouvoir plus grand que je ne me l'imaginais, et que le silence dans lequel nous étions enfermés avait fait des dégâts considérables.
    J'ai déjà énormément changé: j’ai plus confiance en moi, j'ai plus de facilité pour relativiser les choses. Je suis reconnaissante! Ophélie T.

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  2. Bonjour, mon nom est Artus,
    C'est hallucinant! Je viens d'apprendre que je ne suis probablement pas le fils de mon père, mais celui du père d'un copain d'enfance que j'ai revu après la nouvelle. Ma mère me l'a appris lors de ma majorité à 18 ans se disant sans doute que je serais capable de le prendre. Curieuse façon de célébrer mon anniversaire!

    Trois jours plus tard, je suis encore ébahi! Et je me demande comment en revenir car mon vrai père n'est pas au courant, ni le père que je croyais être le mien! Je ne sais vers qui me tourner. Ma mère est défaite de me voir aussi cafardeux.

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  3. Coucou! C'est la première fois que j'écris sur un blog, mais je voulais raconter un peu mon histoire. J'ai 20 ans, je fais de l'épilepsie depuis que je suis toute petite. C'est contrôlé par une médication puissante qui m'enlève beaucoup d'énergie. L'an passé, mes crises ont repris le dessus et mes médecins ont décidé de me changer de médication. J'ai été obligée de suivre une cure de désintoxication pour le cocktail de 18 pilules prescrites pour les crises.
    Ce n'est pas une vie à vivre. Je ne peux même pas marcher seule sur un trottoir. Parce que je prends tous ces médicaments, je sais que ma longévité sera altérée. Tout ça me désole, mais je ne sais comment faire autrement. Mes reins et mon fois présentent des signes qu'ils sont atteints. Je me sens très handicapée.
    Merci d'écouter, je sais qu'il n'y a pas de solution,
    Amina T.

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    1. Chère Amina,

      Je suis vraiment désolée pour vous; c'est effectivement une vie difficile. Avez-vous le sentiment de contrôler votre santé. Les médecins sont comme tout le monde: si vous ne prenez pas les choses en main, vous risquez d'en faire les frais. Osez dire que vous aimeriez un traitement différent, on risque de vous écouter. Mais d'abord documentez vos recherches pour lui en parler de manière à ce qu'il paie attention. Participez à des forums sur l'épilepsie, d'autres ont certainement expérimenter des traitements alternatifs.

      Vous auriez intérêt à vous raffermir pour revendiquer votre droit de vivre une vie plus épanouissante pour vous,

      Lorraine Loranger
      SITE : aunomdelasante.com

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