vendredi 20 avril 2012

La honte, une blessure d'estime

"Bien des maux seraient épargnés aux hommes s'ils en connaissaient la cause". (Pythagore)

La honte est un sentiment complexe. Elle constitue une blessure d'estime. La mettre à jour redonne une grande liberté intérieure et une capacité d'effacer les traces de la honte dans les comportements. Cet article est tiré de mon livre: "De l'ombre à la lumière: la guérison par un récit de vie émotionnel" (ISBN: 978-2-981037-305)

La honte est une blessure d'estime
La honte est une blessure d'estime. Il est indispensable de la mettre à jour. Habituellement, les premières situations de honte remontent à des stades de développement affectif de l’enfance. Au stade oral, le rapport à la nourriture, la voracité, la répulsion pour un ou des aliments, les critères de bonne éducation, déclenchent parfois des réactions visant à inculquer la honte. De la même façon, au stade anal, alors que l’enfant retient ses selles, qu’il prend plaisir à la manipulation des matières fécales dans un autre stade de développement, l’entourage est dégoûté : « Arrête, ce que tu fais là, c’est dégoûtant» que l'enfant entendra plutôt comme « Tu es dégoûtant ».

Une distinction entre le remords et la honte
Il faut ici établir une distinction entre le remords et la honte. Ce sont là deux sentiments à part entière. Le sentiment pénible de honte accompagné de remords, causé par la conscience d’avoir commis une faute et de s’être déshonoré est celui qu’il est normal d’éprouver lorsque nous ne sommes pas en harmonie avec quelque chose que nous avons fait. Le remords est légitime, lorsque ayant commis une faute, on s’en sent responsable sachant que l’on a mal agi.

La honte peut être constructive
La honte peut être constructive et agir comme signal d’alarme car elle mobilise l’être humain; elle lui fait prendre conscience de sa responsabilité pour choisir de nourrir la vie. Éprouver de la honte, c’est éprouver son appartenance au genre humain et qui permet dans certains cas, d’empêcher un acte irrémédiable. Ne jamais vivre de honte est impossible, mais en être teinté est une charge émotive très grande qui cause des répercussions affectives sérieuses.

La honte dont nous allons parler est celle, qui, à sa source, consiste à humilier, à rabaisser un autre. Lui faire des reproches pour qu’il se sente honteux consiste à mettre en doute ou à enlever l'estime de quelqu'un.

Trajectoire de Marie-Julie
Marie-Julie à vécu des fruits de la prostitution pendant des années. Elle a élevé une enfant dans la rue. Elle vit beaucoup de honte alors qu’elle chemine comme étudiante en sociologie et en urbanisme.

« Quand je repense à ce passé, je me dégoûte. Je me sens coupable à l’endroit de ma fille qui n’a nullement été protégée et j’ai tellement honte, qu’il m’arrive de penser que seule la mort peut m’en délivrer »!

La peur du regard de l’autre 
Comme elle ne peut oublier ce passé, il lui faut se pardonner et s’assumer. La honte de Marie-Julie est caractérisée par la peur du regard de l’autre à son endroit. Sa peur de l’intrusion de quelqu’un qui connaîtrait ce passé, l'oblige à refuser de participer à certains événements où elle pense qu’elle pourrait revoir d’anciens clients. Elle a une peur bleue que son passé la rattrape. Ses secrets lui font peur.

La honte atteint l'identité profonde
Elle vit la même hantise à l’endroit de sa fille qui ignore en grande partie ce passé trouble et qui éprouve des difficultés de vie majeures. La honte de Marie-Julie l’atteint dans son identité profonde. Elle ressent une solitude épouvantable. Elle se dit incapable d'en parler à quiconque pour liquider ce passé traumatisant alors qu’elle cherche désespérément à en sortir avec des études et un nouveau mode de vie.

La véritable guérison tiendra compte du présent
Se sentant l’exclue des exclues, elle éprouve un besoin criant d’être réconfortée, d’être rassurée sur sa propre valeur et sur la possibilité réelle de se réinsérer dans une vie, dite normale. La véritable guérison viendra lorsque le regard qu’elle porte sur elle-même tiendra compte du présent et non de ce passé qu’elle veut à tout prix éliminer. En s’isolant dans son mal-être plutôt qu’en le confrontant, elle accentue la division interne et passe à côté du mouvement intérieur qui peut la rétablir dans son regard face à elle-même.

La guérison passe par le risque de s’exposer avec humilité
La guérison de la honte viendra, lorsque, dans un mouvement inverse, elle osera croire qu’on peut l’aimer en dépit de ce passé, lorsqu’elle prendra le risque de s’exposer avec humilité, à ce passé. Exposer sa réalité la plus vraie possible donnera la possibilité d’être acceptée. Dans la certitude qu’elle n’est pas insignifiante, qu’elle n’a pas à être objet de mépris ou de ridicule résident la guérison provenant de l’acceptation de ce passé. S’il advenait que des personnes ou des groupes la rejettent, il est clair qu’elle saurait qui l’accepte et qui ne l’accepte pas.

Ne pas se scléroser dans la dévalorisation
En se présentant avec son passé, ses errances, ses failles, ses chutes, ses défauts, ses résistances, et aussi ses désirs de choisir de vivre pour s’affirmer devant la vie qui l’attend, elle a appris à ne pas se scléroser dans la dévalorisation, en dépit de sa perception des erreurs commises.

Personne n'est exempt de dérapage ou d'erreurs. Les sentiments de honte, quels qu’en soit l’origine, ne doivent pas barrer la route et empêcher les ailes de quiconque de se déployer pour changer de vie à tout moment. Pour Maire-Julie, cette conscience s’inscrit dans son désir de s’améliorer et d’être fidèle à soi lorsque le temps est venu.

Enlever les épines, les racines qui encombrent le terrain intérieur
C’est une : « Je suis rendue là » qui s’exprime dans le mouvement de Marie-Julie au moment où elle vient faire sa thérapie du tunnel. Le temps nécessaire pour enlever les épines, les racines qui encombrent le terrain miné de sa vie d’autrefois, le labour patient et respectueux pour nourrir avec les bons éléments cette terre nouvelle a permis de restaurer ce qui a été brisé dans le passé.

L’après-thérapie
Le jour est venu où Marie-Julie
« Je me fais confiance : avec tout ce que je sais de moi maintenant, je suis en mesure de redonner à d’autres cette grâce qui m’a été offerte dans le pardon que je me suis donnée ».

Cette libération, accueillie dans la joie et la certitude de sa valeur, change son rapport à son passé chargé. Elle garde l’espoir d’aider sa chère fille à briser à son tour les chaînes de sa vie.

Trajectoire d’Irma          
Lorsque je rencontre Irma pour la première fois, elle a 77 ans. Sa fille a fait une thérapie avec moi. Elle la lui recommande car elle trouve sa mère dépourvue de vie et d’énergie. Lorsque je demande à Irma ce qui la motive à faire un tel trajet, elle lève les mains, les frotte l’une contre l’autre, les balaie gracieusement au-dessus de sa tête pour répondre qu’elle veut mourir sans tout cela.

Mille regrets
Dans le travail intérieur avec elle, je découvre une femme aux mille regrets, elle est venue faire la paix avec des désirs non réalisés, des culpabilités non résolues (entre autres, elle a abusé sexuellement d’un enfant de la crèche dont elle avait la responsabilité) et des besoins non comblés.

Apaiser ses démons
Lors d’une session plus difficile, elle me demande de la bercer, ce que je fais pendant un long moment. Quelques sessions suffisent, elle a apaisé ses démons. Elle est venue chercher le regard d’autrui sur un geste qu’elle trouve répréhensible pour se pardonner de l’avoir posé. Elle retrace ses difficultés de ces temps-là pour s’expliquer comment elle a pu avoir un tel écart de conduite.

Une certaine zone conflictuelle est tout à fait saine
Tous les conflits internes n’émanent pas d’une névrose ou encore d’un blocage inconscient. Une certaine zone conflictuelle est tout à fait saine. Cette tension est ce qui propulse les gens à faire des changements dans leur vie. Dans le même sens, la souffrance n’est pas toujours pathologique. Parfois, c’est l’indicateur d’une demande pour s’accomplir. Quand il s’agit d’une frustration existentielle, comme dans la quête illustrée par les trajectoires des personnes dans mes précédents articles GUÉRIR DES AUTRES, la réalisation de soi et/ou l’espoir d’une nouvelle autonomie sont des moteurs puissants pour un changement.

L’âge n’est pas un obstacle pour la thérapie du tunnel. Les épreuves non digérées sont parfois encore vives et il faut apporter le baume nécessaire à cicatriser les blessures. La vie régénérée pour une personne en âge plus avancé a besoin d’être douce et dénuée des tracas de l’esprit. Les adaptations requises dans le vieillissement sont déjà suffisantes. Les pertes vécues s’accumulant, les amis, les frères et les sœurs disparaissant, la solitude devient le lot de plusieurs personnes âgées.

La thérapie du tunnel est un excellent moyen pour les personnes âgées-faire les deuils nécessaires et se réconcilier avec les aléas du passé sont des éléments bénéfiques pour expérimenter une douceur de vie jusqu’à la fin du trajet sur terre. Réviser sa vie, c’est aussi retrouver les moments de joie et de bonheur!

Les personnes âgées ont parfois peur de ne plus se rappeler des détails. Je peux vous dire que, si vous avez   à faire la paix avec vos secrets de famille, le grand maître d’oeuvre, votre subconscient, se chargera de vous ramener les détails importants. Un retour sur sa vie au seuil du grand départ est facilitant. Chacun de nous veut partir avec le moins de bagage possible. Tant et aussi longtemps que vous avez encore une intelligence et un parler-franc, vous pouvez y arriver. Et je suis certaine que votre jugement est plus sévère que celui de la personne avec qui vous ferez une telle démarche. Toutefois, personne ne peut le faire à votre place!



Message de Lorraine Loranger
Dans une société qui confond vitesse et résultats, ceux qui apprennent à ralentir vivent mieux le présent dans toute sa capacité. Ma pratique propose plusieurs ateliers pour la gestion de stress: apprivoiser le récit de vie, la communication non-verbale et prochainement la relaxation sensorielle avec 16 thèmes différents sont parmi les plus utiles. Des conférences sur la gestion de stress sont disponibles sur demande.

Commencez chaque journée comme étant une nouvelle journée, trouvez votre destinée, croyez en qui vous êtes et en qui vous voulez devenir.

Créez la vie que vous désirez. Commencez votre trajet avec une démarche puissante en possibilités...celle d’une nouvelle vie…la vie que vous voulez…retrouvez votre pouvoir  pour prendre en charge votre destinée.

Merci de soutenir la mission éducative de Lorraine Loranger en transférant ce communiqué à vos contacts.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire