jeudi 25 avril 2013

La honte et la culpabilité liées au secret occasionnent un enfermement douloureux

La honte et la culpabilité occasionnent un douloureux enfermement
La création et la maintenance d’un secret visent avant tout à dissimuler ce qui fait honte à la famille, que ce soit un traumatisme, un vol, un viol, une maladie mentale, une carrière de hors-la-loi, une perte d’argent, une fille-mère ou un enfant de fille-mère, une adoption, une identité sexuelle, une maladie honteuse, l'alcoolisme, la toxicomanie, les jeux de chance, une vie alternative dans la mafia ou  l'espionnage. Comme on s’en doute, les secrets de famille sont créés ou gardés pour trois raisons principales: la honte (le regard d’autrui, la réputation), une émotion dominante comme la peur (peur de rejet) ou le désir de protéger les êtres chers (la peur de causer plus de tort que de bien). Avec, souvent, le résultat contraire...

Mieux comprendre les enjeux individuels et familiaux
Le but de rechercher « les secrets de famille » est de mieux comprendre les enjeux individuels et familiaux et pour dépasser une vision étriquée des événements par le mensonge. Le secret, selon Juliette Allais, est maintenu par quelqu'un qui a un rôle stratégique dans la famille. Les questions de la "loi" et d'éthique partent d'une intention de couvrir une "transgression" ou encore "ce qui est inacceptable". La motivation pour cacher quelque partie de la vie que ce soit est le désir de protéger et de mettre à l’abri ses enfants contre la souffrance mais aussi pour s’éviter de ressasser des souvenirs douloureux et de devoir répondre à des questions embarrassantes. L'intention réparatrice donnera lieu à une mise en scène servant de protection émotionnelle de soi et des autres.

Le "secret" est susceptible de suinter
Quand on cache des éléments de l'histoire familiale en racontant n'importe quoi pour "couvrir" ce qui a toujours été caché, certains des descendants sont susceptible de manifester des symptômes de "mal de vivre" qui s'apparentent étrangement au déclenchement des crises menant à l'internement psychiatrique du grand-père. Le secret couvé et altéré par un mensonge pour camoufler les problèmes de santé mentale dans la famille va suinter parce que les membres de la famille doivent refoulés ce qui fait l'objet du tabou.

Le "récit" de la famille est ce qui crée et renforce les liens
Le "récit" de la famille-le fait de lier les événements et les êtres les uns aux autres en une histoire-est ce qui crée et renforce les liens, à nos parents, à nos enfants, à nos concitoyens. Quand ces liens sont rompus, coupés ou rendus impossibles, des facteurs s'activent à notre insu, premièrement parce qu'il est impossible de se libérer totalement de tout déterminisme biologique, et deuxièmement,  l'incapacité d'avoir des réponses claires crée un doute où peut s'infiltrer des réponses dans l'imaginaire pires que la vérité. 

Les histoires cachées mises en actes 
La transmission peut s'opérer négativement à travers les histoires qui sont cachées, et ensuite mises en actes par les faiblesses laissées pour ses ayants droits par les secrets des ancêtres. La transmission peut être traumatique, car il s'agit d'un don mais aussi d'une dette. Le processus de symbolisation-le rôle des transmissions, des communications, des secrets, des répétitions, de la filiation et des liens transgénérationnels est ainsi étroitement mêlé à travers les protagonistes de l’arbre familial.

Pour dépasser une vision étriquée des événements par le mensonge
Avant d’entreprendre une telle démarche, il convient tout de même de se poser les bonnes questions : Que cherchons-nous à résoudre? Quel contexte la découverte des secrets permettra-t-il d’élucider?  Est-ce que le dévoilement du/des secret(s) permettra de donner un sens à un événement, une circonstance, une situation ou une déception?

La question du respect et de la confiance
Les loyautés invisibles sous la forme des secrets familiaux nous révèlent des aspects de notre environnement émotif. La question du respect et de la confiance revient souvent dans la découverte et la révélation. La perception des forces et des faiblesses divisent les « clans » entre « ceux qui savent » et « ceux qui ne savent pas » dans une même famille.

Le sentiment d’exclusion 
Le sentiment d’exclusion que cela fait vivre à « ceux qui ne savent pas » est exacerbé par le fait qu’ils peuvent imaginer qu’il leur « manque » quelque chose pour faire partie de la famille.  Ce rejet, sans doute involontaire de la part des «initiés » a des effets mal ou non anticipés.

Les enfants nous imitent
Les enfants apprennent à nous imiter en camouflant leurs propres problèmes. Ils se privent alors de notre réconfort, de notre compréhension et de notre support et soutien. Quand nous acceptons de montrer nos vulnérabilités (incluant nos secrets), ils en arrivent à faire de même. Les non-dits font taches: nous sommes façonnés par l'absence de mémoire. La communication non-verbale renforce le secret.

Le secret se vit dans le senti
Le sentiment de "compter pour peu" pour faire partie de ceux de ceux qui connaissent le secret se vit dans le senti. Révéler des pans de vie cachés permet à nos enfants de mieux se définir et parfois, de mieux cerner d’où ils viennent. Ne pas révéler ses secrets, c’est dire à nos enfants qu’il faut cacher nos échecs et nos erreurs de parcours et que ceux qui font des erreurs ne sont que des « misérables ».

L’information manipulée suscite des questionnements 
Un secret est une circonstance contraignante. Quand l’information est manipulée, cela suscite des questionnements de telle sorte que le « secret » finit par avoir « un droit de cité » pour submerger l’individu de honte et de culpabilité. Les répercussions émotionnelles sont multiples. 

La solitude est un piètre compagnon
Celui ou celle qui vit dans le secret doit se retenir de dire; de plus il doit cacher, faire semblant, raconter n’importe quoi dès qu’on se rapproche du secret. Que dire de l’absence de spontanéité, d’un manque flagrant de transparence. Pour la santé, la tranquillité d’esprit et l’incapacité de demander aide et soutien, la solitude est un piètre compagnon et occasionne un sentiment douloureux d’enfermement. 

La simple vérité est un droit
Il est évident que quand il s’agit d’un secret lié à la paternité, il conditionne à un certain point l’état de santé (antécédents médicaux) et la capacité d’apprentissage (lié au savoir). Le parent peut s’imaginer qu’il lui évite de souffrir, mais l’enfant voit ou perçoit les signes qui alertent sa sensibilité, lui posent question, et le confrontent à sa légitimité dans sa famille.  La simple vérité est un droit. Il semble que nous nous compliquions la vie et que l’on risque de ce fait d’éprouver une grande responsabilité et une pression inconsciente.

Les attitudes de déni causent de multiples dommages
Le secret sert-il vraiment à oublier le secret? Certains le croient, disant que les mauvaises choses appartiennent au passé et qu’il faut regarder droit devant soi pour continuer à vivre. Mais les attitudes de déni par la structure familiale causent de multiples dommages et engendrent d’autres secrets. Les secrets les mieux gardés contribuent à une difficulté de communiquer sur plusieurs plans créant des impasses relationnelles. 

Éloi est né après la séparation de ses parents. Il n'a jamais su que son père battait sa mère quand il était dans le ventre de sa mère. Ce secret lui est révélé lors d'une session de thérapie du tunnel. Il a senti les coups, entendu les bruits. 


« Le secret va jouer un rôle d’écran : toutes les manifestations de l’environnement seront interprétés en fonction de lui ou en relation avec son contenu » (Jacques Salomé).

Les manifestations du secret se révèlent par des signaux 
La peur des « qu’en dira-t-on » a souvent été le moteur des cachotteries et de la dissimulation. Le système familial réagit en renforçant un rôle établi pour le sujet de secret, confortant ceux qui ont intérêt à le garder.  On ne pourra décoder les manifestations du secret que par les signaux : malaises, maladies, accidents, agressivité, allant jusqu’au suicide.

Les personnes impliquées demeurent fidèles à un système familial aliénant
Le déni a pour but de survivre. Par contre, "le secret" aura tendance à s'exprimer dès la deuxième génération. Les gains secondaires liés à la sécurité semblent être la raison principale pour laquelle les personnes impliquées demeurent fidèles à un système familial aliénant.

Les gains secondaires et les avantages liés à maintenir le secret
La mise en évidence des gains secondaires et des avantages liés à la maintenance du secret fait partie de la démarche de compréhension quand nous arrivons sur de telles informations en thérapie du tunnel.

La démarche de la thérapie du tunnel avec le subconscient ne ravive que les blessures affectives qu’il est capable de confronter.

La honte intériorisée autour de dilemmes particuliers doit être assimilée
Les douleurs émotionnelles et spirituelles sont plus longues à guérir que les souffrances corporelles car elles mettent en jeu des instances plus complexes. La "honte" est intériorisée dans le temps autour de dilemmes particuliers et doit être assimilée. Cette expérience inachevée cherche à se compléter. Quand il y a "secrets", les éléments de doute sont déjà connus et la recherche se fait hors de la thérapie. 

Par la suite, divers outils permettent de refaire les programmes de vie, les systèmes de croyances, la manière d’anticiper l’existence qui dictent les comportements et qui forgent le caractère et qui déterminent la réalité perçue.

La thérapie consiste essentiellement à "nettoyer" le tunnel, c'est-à-dire, à intégrer les réminiscences traumatiques qui sont à l'origine des problèmes vécus par le client. Les émotions du passé cessent alors de nuire.

La santé émotionnelle s'améliore
En thérapie du tunnel, la prise de conscience a lieu quand un phénomène inconscient, devenu conscient, est « pris en charge », en s’intégrant au MOI pour renforcer l’individu. Quand l’individu met à jour ses conflits intérieurs en thérapie du tunnel au lieu de les nier ou de les refouler…ou de les répéter sans le savoir, d’importants fragments de personnalité sont récupérés et la santé émotionnelle en bénéficie. Évacuer la charge somatique permet à l’état de stress actif dans le système nerveux de se dissoudre. De plus, la prise de conscience réussie conduit l’individu vers de nouvelles actions, vers de nouvelles libertés. 

Bibliographie
De Gaulejac, Vincent, (1999), L'histoire en héritage, Desclée de Brouwer.

Couvert, Barbara, (2000), Au cœur du secret de famille, Desclée de Brouwer.

Imber-Black, Evan, (1999), Le Poids des secrets de famille, Robert Laffont, coll. Réponses.

Schützenberger, Anne Ancelin, (1998), Aïe, mes aïeux!, Desclée de Brouwer.

Tisseron, Serge, (1997), Secrets de famille, mode d’emploi: quand et comment faut-il leur parler?, Marabout, coll. Savoir pratique. 


Message de Lorraine Loranger
Dans une société qui confond vitesse et résultats, ceux qui apprennent à ralentir vivent mieux le présent dans toute sa capacité. Ma pratique propose plusieurs ateliers pour la gestion de stress: apprivoiser le récit de vie, la communication non-verbale et prochainement la relaxation sensorielle avec 16 thèmes différents sont parmi les plus utiles. Des conférences sur la gestion de stress sont disponibles sur demande.

Commencez chaque journée comme étant une nouvelle journée, trouvez votre destinée, croyez en qui vous êtes et en qui vous voulez devenir.

Créez la vie que vous désirez. Commencez votre trajet avec une démarche puissante en possibilités...celle d’une nouvelle vie…la vie que vous voulez…retrouvez votre pouvoir  pour prendre en charge votre destinée. 

Merci de soutenir la mission éducative de Lorraine Loranger en transférant ce communiqué à vos contacts intéressés.


4 commentaires:

  1. Bonne journée,

    Je suis un "secret de famille". Ma mère a eu une liaison assez longue avec son beau-frère. Il est toujours avec sa femme, donc, même si moi, je le sais, la famille ne le sait pas. On a crû que j'étais l'enfant d'une amourette. Je me suis fait à ça, mais je suis quand même très, très discrète. Comprenez que je me sens pas mal invisible. Je ne sais pas si je fais une thérapie si ça pourrait changer. C'est une 2e peau. J'ai 26 ans. C'est évident qu'avoir un père m'a manqué; avant de le savoir, je cherchais ma ressemblance partout. Maintenant, je l'appelle "mon oncle", mais ça me chatouille. Je pourrais en dire plus mais je ne veux pas être reconnue.
    Odile-Sophie

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  2. Bonjour Odile-Sophie,

    Merci d'avoir partagé et je souligne votre désir de rester dans le respect des gens qui vous entourent. Par contre, ce que vous savez déjà peut ouvrir sur de bonnes communications. Vous payez cher votre "anonymat" au sein de votre famille: vous devriez avoir le sentiment d'être reconnue, au moins par la famille.

    Faire une thérapie vous mettrait à jour sur tout ce que vous devez garder caché pour continuer à faire partie d'une famille qui ne vous accepte qu'en partie. C'est une double contrainte difficile à vivre.

    Essayez de voir en vous ce qui vous fait le plus de tort et osez prendre votre place!
    Lorraine Loranger

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  3. Bonjour Lorraine,
    Je lis presque tous tes blogs.
    Comme tu le sais, je suis habituée d’être inconfortable, du moins l’étais-je. Petite, je n’ai jamais eu de bain chaud. Toutes mes mémoires d’enfance appartiennent au froid, à la solitude et à un estomac vide. La seule affection dont je me souvienne est celle donnée par Nana, une vieille dame avec des mains usées qui venait parfois aider ma mère avec toute sa marmaille. Il a pu lui arriver de me gratter le dos, de me tapoter la tête, mine de rien, tout en murmurant des mots comme on utilise avec les tout-petits pour les apaiser.
    Même adulte, je pleurais souvent dans mon coeur, enfoui dans ma peine, maudissant le sort de m’avoir élu vivant“. Pendant longtemps., j’ai pris plaisir à être humilié croyant que j’y gagnerais mon ciel et souffrant de toutes les injustices possibles. Je me haïssais. Lorsque j’ai fait ma thérapie du tunnel, je ne pouvais croire qu’on m’ait tant bourré la tête. Vaut mieux tard que jamais! dit-on. Je commence à vivre à 68 ans m’accordant du repos, du bon temps et je demande maintenant le respect de mes idées et opinions. Je ne sais pas encore si j’appellerais ça le bonheur, mais chaque jour, je me réjouis d’avoir fait ce travail intense et décapant.
    Norma

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  4. Bonjour Norma,

    Un plaisir de te lire. Je pense souvent à ton travail intérieur et combien il fallait y mettre du tien pour ne pas te décourager.

    Tu as certainement droit à toutes tes minutes de bien-être! Je suis contente que ton ancienne vie est décapée. BRAVO!

    Je pense à toi,

    Lorraine Loranger
    SITE : aunomdelasante.com

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