samedi 10 mars 2012

Coupé de soi, coupé des autres: comprendre autrement

Le DSM est en train de devenir un outil démocratique
Fait notable à remarquer: le DSM est en train de devenir un outil démocratique puisque, de plus en plus, chacun peut s'y retrouver: à preuve, le DSM-V qualifie la dyslexie de maladie mentale. Le DSM-V inclut maintenant l'apnée du sommeil parmi les maladies mentales.

Il est toujours confrontant de regarder notre perception sur la santé mentale: sociale, psychologique, physiologique, biologique et médicale. À la lecture des écrits d'Alexis Nouss et d'Ellen Corin, j'ai développé une vision très personnelle sur le sujet (j'en parlerai plus loin dans un autre texte).

Ma vision de la santé mentale
Pour me positionner, il a fallu que je sonde ma propre vision de la santé mentale. Grâce à ma clientèle en pratique privée et les conversations que j'ai eu avec plusieurs personnes, j'ai constaté une ambivalence sociale profonde.

Une attitude de séparation "eux" et "nous"
D'un point de vue des rapports sociaux, je crois qu'on assiste à un désir de normalisation en lien avec la maladie mentale. Ceci s'affiche par une volonté de réinsertion des personnes avec des difficultés de santé émotionnelle sur le marché de l'emploi, mais de l'autre, il y a persistance à nommer la différence, ce qui conduit à une attitude de séparation "eux" et "nous".

Les problèmes de santé mentale surgissent durant la vie d'adulte
Selon mon expérience, les problèmes de santé mentale surgissent durant la vie d'adulte, parfois à la toute fin de l'adolescence, alors que la personne a depuis assez longtemps intégré les normes sociales de ce qui est considéré "normal" et ce qui est "déviant". Notre discours de déficience en est responsable dans une large mesure.

Intériorisation des normes et des tabous
Dans ma carrière, il m'est arrivé de voir des intervenants changer leurs attentes dès qu'ils découvraient que leur client avait reçu un diagnostique de maladie mentale. Malheureusement, cela se ressent; à cause de l'intériorisation des normes et des tabous en vigueur dans notre société, cela affecte l'image de soi, parfois allant jusqu'à la réprobation de soi. Ceci est un problème auquel je fais face régulièrement dans mon bureau.

La dépression comme indicateur de sauvegarde de l'identité
Je ne suis pas la seule à penser que "loin de démontrer des symptômes d'aliénation, la maladie mentale est plutôt un indicateur d'une sauvegarde face à une menace à l'identité de la personne (Alexis Nouss, 1998). Si vous n'avez pas lu le roman de Paulo Coelho, "Véronika veut mourir", cela deviendra évident pour vous. Il s'agit de l'histoire d'une toute jeune fille que les parents dirigent tellement vers ce qu'elle n'est pas, qu'elle bascule dans la folie. Mais lors de confidence avec une autre patiente, elle avoue savoir exactement ce qui l'y a conduit. Dans la folie, elle trouve son droit à être qui elle est.

Différentes manières de voir la santé mentale
On peut évidemment voir ça d'au moins deux manières: 1- cela peut représenter une faille chez l'individu qui n'a pas la force de se battre pour être lui, ou, 2- voilà un moyen ingénieux de sauver son identité face à un milieu autocratique dictateur.

La santé mentale, une manière de s'adapter 
Ce n'est qu'un exemple parmi tant autres que je donne. Tout le monde connaît quelqu'un qui a cédé à la famille pour devenir ce que l'on attendait de lui/elle au lieu de faire ce qu'il/elle voulait. Est-ce là un indice d'une personnalité amoindrie ou plutôt d'un exemple d'adaptation? 

Les symptômes seraient une réponse à une agression menaçante
Rappelons la thèse hippocratique fondatrice: si la maladie physique dérange l'ordre anatomique ou fonctionnel de l'organisme, on ne saurait oublier que les symptômes sont souvent une réponse à une agression menaçante ou à la menace d'un danger.

La dépression représente un déséquilibre
Ce qui est le plus manifestement pathologique n'est pas ce qui menace le plus l'organisme. Il en est de même pour la dépression qui représente une rupture, un déséquilibre. La dépression est un combat: les symptômes en sont la forme extérieure, les actes de l'organisme au combat. Nécessairement, ces actes enchaînés l'un à l'autre, constituent une histoire dans le temps. Ce sont surtout les conséquences de la rupture qui nuiront à l'individu.

Certaines personnes se sentent ostracisées
D'expérience et d'intuition, les personnes vivant avec un diagnostique rencontrent de nombreux obstacles. Sur le plan de la famille, il y a souvent le silence. Certaines personnes se sentent ostracisées: "Je leur fais honte, même si on en parle pas"; certaines se sentent infantilisées: "Mes soeurs me parlent de haut et tentent de prendre mes décisions à ma place".

Dans la société en général, on culpabilise les personnes qui nomment leur diagnostique 
Dans la société en général, on culpabilise et on campe les personnes qui nomment leur diagnostique ou qui présente une différence: "T'es-tu bien? Nous autres"...ou encore, on lui fait porter son état comme une peau de chagrin: "T'as couru après, aussi..." . Certains ont peur de la personne souffrante comme si la personne avait commis une transgression ou comme si cela s'attrapait: "Lorsque j'étais à l'hôpital, il n'y pas eu beaucoup de personnes qui sont venues. Je me sentais une paria".

Perte de dignité et d'identité
On maintient une attitude de méfiance, engendrant pour la personne un sentiment de perte de dignité et d'identité. En lui faisant vivre l'exclusion par une mise à l'écart, on la rejette.

La stigmatisation colle à la peau
Souvent victimes de l'incompréhension, de la peur, du rejet, de la part de leur réseau social familier, la personne marquée par une histoire de santé mentale se retrouve fréquemment isolée, face à une grande solitude. La stigmatisation colle à la peau; les employeurs hésitent à embaucher une personne avec une maladie mentale. Cela sert de prétexte à une forme de rejet qui joue sur la motivation de l'individu stigmatisé (Association canadienne pour la santé mentale).

Coupé de soi, coupé des autres: comprendre autrement
Mon deuxième livre intitulé: Coupé de soi, coupé des autres: comprendre autrement (ISBN: 978-2-981037-329) stipule qu'on peut voir la santé mentale d'une manière beaucoup plus créative. En fait, la mésadaptation peut représenter un facteur de croissance et de développement (Dabrowski, 1972). Ce n'est pas un modèle nouveau; la thérapie, dans une démarche de croissance personnelle, est une prise de possession de soi et de son propre développement toujours grandissant.

À mon avis, la préservation de l'identité chez certain(e) est tellement importante qu'elle oblige à un geste ultime pour se prémunir contre l'ascendant parental, marital ou d'un autre. Dans un même ordre de pensée, l'idée de la santé mentale fait place à la recherche d'un équilibre, à maintenir ou à reconstruire continuellement.

Message de Lorraine Loranger
Dans une société qui confond vitesse et résultats, ceux qui apprennent à ralentir vivent mieux le présent dans toute sa capacité. Ma pratique propose plusieurs ateliers pour la gestion de stress: apprivoiser le récit de vie, la communication non-verbale et prochainement la relaxation sensorielle avec 16 thèmes différents sont parmi les plus utiles. Des conférences sur la gestion de stress sont disponibles sur demande.

Commencez chaque journée comme étant une nouvelle journée, trouvez votre destinée, croyez en qui vous êtes et en qui vous voulez devenir.

Créez la vie que vous désirez. Commencez votre trajet avec une démarche puissante en possibilités...celle d’une nouvelle vie…la vie que vous voulez…retrouvez votre pouvoir  pour prendre en charge votre destinée. 

Merci de soutenir la mission éducative de Lorraine Loranger en transférant ce communiqué à vos contacts intéressés.

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